Pour gérer de nouvelles AMP dans les eaux internationales, nous allons devoir appliquer toutes les connaissances existantes, acquises à partir de la gestion des AMP dans les eaux juridictionnelles

Le « traité sur la haute mer », traité historique conclu le 5 mars, représente une avancée majeure dans la gouvernance mondiale des océans car il crée le cadre nécessaire à l’amélioration de la protection de la biodiversité des océans au niveau mondial. Le traité sur la protection de la biodiversité au-delà des zones de juridiction nationale (BBNJ – Biodiversity Beyond National Jurisdiction) crée un cadre légal pour la haute mer, jusqu’à présent largement anarchique, et ouvre la voie à la création de vastes aires marines protégées (AMP) hors des eaux nationales.

On constate souvent que la plus grosse difficulté avec les AMP n’est pas de les créer mais de garantir qu’elles sont gérées avec efficacité. Notre projet est basé sur le fait qu’on sait que les réseaux de gestionnaires d’AMP sont idéalement placés pour partager des connaissances, des outils et des expériences, et par conséquent pour améliorer l’efficacité de la gestion.

Selon une autre sage observation, la meilleure façon pour les êtres humains de soutenir la connectivité écologique est de travailler entre nous dans ce but. Les réseaux écologiques seraient parfaits si seulement les humains pouvaient travailler ensemble à la protection et à la restauration des écosystèmes. Les réseaux d’AMP et de gestionnaires d’AMP sont également déterminants à cet égard.

Apprendre de notre expérience

Notre expérience, tout comme celle de nos partenaires, a montré les bénéfices de la mise en réseau d’êtres humains au profit de la conservation de la biodiversité des océans. En soutenant le développement des capacités des réseaux de gestionnaires régionaux et nationaux d’AMP, le projet Gouvernance des océans de l’UE a permis à nos partenaires de stimuler l’efficacité de la gestion. Ce sera instructif pour la future mise en œuvre des AMP de haute mer.

Notre projet a également été conçu en partie pour surmonter les barrières qui existent entre les pays, qu’elles soient de nature politique, économique ou culturelle. En créant une plateforme pour des États et des territoires dans l’Atlantique, en Asie du Sud-Est et au-delà dans le but d’atteindre un niveau technique permettant de traiter de la gestion des AMP, le projet développe un apprentissage et une compréhension à un niveau tel qu’il puisse avoir un impact immédiat sur place. Cette expérience peut aussi être utile pour des pays car ils travaillent ensemble pour mettre en œuvre le traité BBNJ.

Une réalisation importante

Il convient de saluer ce traité, le résultat de plus de dix ans de diplomatie internationale et de deux semaines de négociations intenses, qui se sont soldées par l’accord pris dimanche dernier au siège des Nations unies à New-York. La haute mer couvrant 60 % de l’océan en termes de surface (et près de la moitié de la planète), le traité facilitera beaucoup la réalisation de l’objectif consistant à protéger 30 % de l’océan d’ici 2030, convenu lors du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming à Montréal (2022). Il entrera en vigueur une fois qu’il aura été ratifié par 60 États.

La contribution de l’UE à la réalisation ne doit pas être sous-estimée. L’UE a appuyé l’adoption du traité en dirigeant la « Coalition de la Haute Ambition » et s’est engagée à soutenir la ratification rapide et à aider les pays en développement à se préparer à sa mise en œuvre, en promettant 40 millions d’euros dans le cadre d’un Programme Océan Mondial, et en appelant d’autres membres de la Coalition de la Haute Ambition à faire de même.